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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/206

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ÉCONOMISTE

petits livres répandus ainsi sur tous les points de la paroisse. Notre professeur continue, en outre, chaque dimanche, son cours de notions utiles et de connaissances générales ; il est maintenant fort instruit, et ses leçons deviennent de plus en plus intéressantes. Il est tellement populaire, que la paroisse vient d’élever le chiffre de son traitement, sans la moindre sollicitation de sa part.

— C’est un fait honorable et pour la paroisse et pour le professeur. Mais, ajoutai-je, à part votre bibliothèque paroissiale, vous avez aussi, je suppose, un cabinet de lecture ?

— Non ; mais un grand nombre d’entre nous souscrivent aux gazettes. Nous recevons les principaux journaux de la province ; nous en recevons plusieurs, afin de connaître autant que possible la vérité. Les voisins échangent souvent entre eux, qu’ils soient ministériels ou oppositionnistes ; car en général l’esprit de parti, en dehors des temps d’élection, est beaucoup moins vivace, moins exclusif à la campagne qu’à la ville, et nous lisons volontiers toutes les gazettes, pourvu qu’elles contiennent quelque chose d’instructif. Vous n’ignorez pas, — c’est un fait bien connu — que nulle part les gazettes ne sont aussi bien lues qu’à la campagne. Il n’est pas rare de rencontrer parmi nous de ces liseurs avides qui ne s’arrêtent qu’au bas de la quatrième page de chaque numéro, sans même faire grâce aux annonces des charlatans. À part les gazettes politiques, nous recevons des journaux consacrés à l’agriculture, à l’éducation, à l’industrie, et même des recueils purement littéraires. Nous considérons que les connaissances disséminées par ces divers recueils, les idées qu’ils