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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/113

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cela qu’un jour : celui de la pleine lune qui suivra le solstice d’été de l’année où j’aurai complété mes cinquante ans. Cependant je veux toujours tenter la fortune en attendant, et faire aussi aux Espagnols la guerre la plus acharnée, tout en me réservant mon indépendance pour le grand jour du solstice d’été.

— Ah ! s’écria le nègre, je m’explique à présent pourquoi ce soir nous avons fait d’inutiles efforts pour voir la déesse. Quand donc aurez-vous atteint la cinquantaine ?

— D’ici à quelques mois, répondit l’Indien, et, quoi qu’il en soit, il est convenu que nous partirons demain pour Valladolid ; nous nous servirons de la pirogue pour retourner à l’hacienda et prendre congé de don Mariano, comme doivent le faire deux serviteurs respectueux.

— C’est convenu ; mais nous oublions une chose essentielle.

— Laquelle ?

— Ce pauvre diable d’étudiant que l’inondation va surprendre, et que cet officier a laissé près des tamarindos.

— Je ne l’avais pas oublié ; nous irons le prendre, s’il vit encore, c’est-à-dire s’il a eu la présence d’esprit de monter sur un arbre pour se mettre à l’abri de l’inondation ; nous le conduirons à l’hacienda, où nous le laisserons.

— Oui, s’il vit encore. Entendez-vous avec quelle fureur les eaux grondent là-bas ? Qui sait si l’officier lui-même aura eu le temps d’y échapper ?

— Le fait est, répondit Costal, qu’il aurait mieux fait de passer la nuit ici avec nous ; mais il paraissait si pressé d’arriver à las Palmas ! Peut-être avait-il ses raisons pour cela ; aussi ne lui ai-je pas proposé de rester.

— Il est bon d’être en sûreté ici, dit le noir, et si à propos de cela, vous aviez dans votre hutte un morceau de tasajo oublié en quelque coin, je m’en accommoderais assez avec un verre d’eau.