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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/127

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des choses trop importantes pour être confiées au papier ou lui être transmises par la bouche d’un serviteur.

Don Rafael, d’après les antécédents politiques de son père, ne douta pas que, s’il le mandait près de lui, c’était pour l’engager à offrir son bras à la cause de l’indépendance mexicaine.

Ce message, d’une signification si mystérieuse, remit l’officier dans la voie du sens commun, et il vit, dans le voyage qu’il allait être forcé d’entreprendre, un moyen tout naturel de sonder les dispositions du cœur de doña Gertrudis, en lui faisant connaître l’état du sien. Puis, renonçant à ces idées chevaleresques par suite desquelles il s’était interdit à Mexico de s’ouvrir à don Mariano sans le consentement de sa fille, il résolut de lui déclarer, avant tout, sa passion pour Gertrudis, aimant mieux, à tout prendre, devoir à l’obéissance filiale la possession de la femme sans laquelle il ne pouvait plus vivre, que de renoncer à cette possession si ardemment désirée.

On conçoit maintenant avec quelle impatience fiévreuse don Rafael dévora les cent lieues qui séparent Mexico de Oajaca, et comment, de peur d’arriver un jour plus tard, il préféra de courir le risque de périr, en gagnant le soir même l’hacienda de las Palmas.

Avons-nous besoin de dire qu’il avait calculé d’avance toutes ses étapes, et qu’en renvoyant à son père le messager qui lui avait été expédié, il l’avait chargé de dire, en passant à l’hacienda de don Mariano, le jour et presque l’heure à laquelle il comptait venir lui demander l’hospitalité d’une nuit et d’un jour ? Sans savoir l’importance que don Rafael attachait à cette visite, don Mariano, l’agréa comme une politesse dont il ne pouvait que savoir gré au fils de son voisin de campagne et de son ami.

Quant aux sentiments de doña Gertrudis, nous n’avons plus que faire d’en parler. Que n’eût pas donné