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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/178

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pouvait arrêter la fuite de ses soldats qu’en interceptant avec son corps l’unique endroit où ils pouvaient passer pour fuir. Les fuyards s’arrêtèrent, il est vrai ; mais, après un assaut infructueux, le général dut décidément battre en retraite. C’était son premier échec depuis trois mois.

Voici ce qui s’était passé. Le détachement, soutenu par une forte réserve, s’était approché de la porte que gardait et que devait livrer le sergent d’artillerie, après avoir échangé les mots de reconnaissance convenus.

La voix du sergent n’avait pas tardé à se faire entendre à travers la porte, demandant si, conformément aux conventions, le général en chef était présent. Morelos, dans la crainte de quelque trahison contre sa personne, avait fait répondre qu’il était à l’arrière-garde. Le sergent n’avait rien répliqué, désappointé sans doute de ce contre-temps ; mais les soldats espagnols, prévenus à l’avance, n’en avaient pas moins fait sur les insurgés, à travers les meurtrières, une décharge imprévue qui leur tua beaucoup de monde et les mit en fuite.

Le jour n’avait pas encore paru, lorsque deux hommes se trouvaient de nouveau sur le pont d’Hornos. L’un d’eux était Costal, mais cette fois-ci Clara l’accompagnait.

La chandelle de résine brûlait toujours dans le falot, répandant déjà une lueur plus pâle, car les teintes grises du crépuscule commençaient à succéder à l’obscurité de la nuit.

« Vous voyez ce falot, Clara, dit l’Indien ; vous savez à quoi il devait servir, puisque je viens de vous le conter : mais vous ignorez le serment que j’ai fait contre le traître qui s’est joué de nous.

— Le diable m’emporte si je sais comment vous viendrez à bout de tenir ce serment ! reprit le nègre en réponse à ce que l’Indien venait de lui dire.

— Ni moi non plus, dit Costal ; mais enfin, comme j’ai promis à Gago qu’il se souviendrait du falot du pont