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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/180

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aucun : c’est tout naturel. Voilà mon avis ; maintenant, j’écoute le vôtre.

— Je vous prédis, Clara, que vous ne serez pas général de sitôt, avec tant de ressources dans l’imagination. Oui, sans doute, il y a plusieurs moyens de prendre un fort : par famine ou par escalade. Nous ne sommes pas assez nombreux pour prendre celui-ci par escalade.

— Prenons-le donc par la famine, dit le nègre, je le veux bien, et pour cela le moyen est bien simple ; il n’y a qu’à lui couper les vivres.

— Comment ?

— C’est l’affaire du général et pas la nôtre. La nôtre serait de mettre la main sur la Sirène aux cheveux tordus, après laquelle nous courons depuis quinze mois.

— Encore quelques mois, reprit Costal, au prochain solstice d’été, à la pleine lune… j’aurai dépassé cinquante ans. »

Sous l’influence de leur idée fixe, la délibération des deux associés allait indubitablement changer d’objet, quand le retentissement lointain d’un coup de canon vint interrompre Costal et le ramener à son point de départ.

« C’est le canon du fort, dit-il.

— Non, répondit le nègre, c’est de l’île de la Roqueta. »

Un second coup de canon, et cette fois tiré du fort, confirma l’assertion de Clara, car la détonation en était moins sourde.

« C’est quelque signal échangé avec la garnison de l’île, dit Costal ; et dans quel but ?

En même temps, sur la voûte encore sombre du ciel, une fusée traça une courbe lumineuse en jaillissant du sommet de la forteresse, et quelques minutes ne s’étaient pas écoulées, qu’une lumière semblable se dessina dans l’air du côté de l’île de la Roqueta.