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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/197

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lui ; il n’en était plus séparé que par une distance de dix pieds.

Costal continuait à n’avoir pas peur des requins : l’immense solitude de l’Océan commençait seule à l’effrayer.

Quelque intrépide que soit un homme, il lui est sans doute permis de faiblir un moment, lorsque, livré à la merci des flots sur une mer sans limites, escorté par des requins voraces au milieu d’une nuit obscure et sans indication précise, il cherche comme dernier moyen de salut un point aussi imperceptible qu’une baleinière.

Quelque vigoureux que puisse être un nageur, son haleine s’épuise à la suite de longs et pénibles efforts, quand un couteau entre les dents l’empêche d’ouvrir la bouche pour aspirer à longs traits l’air dont ses poumons ont besoin, et Costal, pour rien au monde, n’eût voulu lâcher son arme à la lame aiguë et tranchante, sa seule ressource contre les requins en cas d’attaque.

Depuis quelques instants, l’Indien sentait battre son cœur avec plus de force ; il attribua cette circonstance aux efforts qu’il faisait, et prit son couteau dans l’une de ses mains.

Les pulsations de son cœur n’en furent pas moins rapides ; disons-le sans honte pour lui, Costal avait peur. Puis, en nageant avec un poing fermé, l’autre main restée libre devait redoubler ses efforts.

La précaution d’avoir son couteau prêt à tout événement ne paraissait du reste pas inutile. Les deux requins commençaient à le devancer en convergeant tous deux vers le point par lequel il devait passer.

À cet aspect nouveau que prenait la chasse persévérante et silencieuse dont il était le but, l’Indien obliqua rapidement à droite. Les deux requins changèrent leur direction et continuèrent à nager de conserve.

De longs et terribles moments s’écoulèrent, pendant