Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur une seule ligne le long du brick, comme pour le protéger contre l’attaque de ses ennemis.

Tout à coup, de la yole amirale (nous appelons ainsi celle que montait le mariscal), les, cris de : « L’homme à la bayeta[1] ! » attirèrent l’attention de don Cornelio sur la barque où se trouvait l’homme ainsi désigné. Mais le caban bleu foncé dont il était couvert empêchait qu’on pût distinguer ses traits.

Ce mystérieux combattant devint aussitôt l’objet des suppositions les plus absurdes. Les uns prétendaient que les précautions qu’il prenait pour cacher sa figure étaient une pénitence infligée par son confesseur ; les autres soutenaient que c’était un personnage distingué de la cour de Madrid, et quelques-uns allaient jusqu’à soupçonner que c’était le roi d’Espagne lui-même.

Quoi qu’il en fût, la yole de Galeana quitta brusquement la ligne pour s’avancer en diagonale vers la barque où apparaissait l’homme à la bayeta, comme si, en réalité, c’eût été un ennemi de plus d’importance que les autres. Ce fut le signal de l’attaque.

De nouvelles fanfares du fort et de la plage saluèrent le disque rouge du soleil qui disparaissait dans la mer, dont les eaux prirent tout d’un coup une teinte livide. Le fracas d’une vive fusillade couvrit bientôt le bruit de la musique guerrière, et, sous un dais de fumée blanche, au milieu des cris de ceux que la mousquetade rejetait blessés ou sans vie au fond des canots, les embarcations s’élancèrent l’une contre l’autre et les combattants se prirent corps à corps. Le combat fut court, mais acharné.

Pour la première fois, on vit des costeños se servir de leur inévitable lazo dans une affaire navale, et, si les insurgés en eussent compté parmi eux un plus grand

  1. Espèce de caban d’un usage universel sur les côtes des deux océans mexicains.