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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/235

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homme et entrèrent dans le camp par le côté opposé à la ville de Huajapam.

Cet homme, qui était à cheval, portait le costume de vaquero, c’est-à-dire le grand sombrero couvert d’une toile cirée, la veste et les calzoneras de peau de daim d’un rouge de brique, le zarape attaché au troussequin de la selle, et les longs éperons de fer. Il se disait porteur d’un message pour le colonel don Rafael Tres-Villas. De plus, il menait en laisse un beau cheval bai brun.

Encore effrayé de la vue et de l’odeur des cadavres disséminés sur la partie de la plaine qu’il venait de traverser, ce cheval faisait entendre de temps à autre une sorte de ronflement d’une nature particulière.

Les deux cavaliers, vêtus de l’uniforme de dragon, et le vaquero traversèrent une partie du camp et s’arrêtèrent devant une tente assez vaste, auprès de laquelle un des asistentes[1] du colonel achevait d’étriller un autre cheval non moins beau ni moins vigoureux que celui qu’on amenait au même instant.

« Quel est votre nom, l’ami ? demanda l’asistente au vaquero.

— Julian, répondit celui-ci. Je suis un des serviteurs de l’hacienda del Valle, et j’apporte au colonel, qui en est le propriétaire, un message fort important pour lui.

— Bien dit l’asistente ; je vais avertir le colonel. »

On s’apprêtait au camp à livrer un quinzième assaut à la ville défendue par le colonel Trujano, et don Rafael Tres-Villas achevait de s’habiller en grand uniforme pour assister au conseil de guerre qui devait précéder l’assaut, lorsque l’asistente pénétra sous sa tente.

Au mot de message prononcé par le domestique militaire du colonel, celui-ci ne put maîtriser un tressaillement subit ni empêcher qu’une pâleur mortelle ne couvrît ses traits.

  1. Soldats, domestiques d’un officier.