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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/237

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d’animosité personnelle contre le guerillero ; mais il voulait, en détruisant sa troupe, anéantir l’esprit de révolte dont il s’était fait le propagateur et le soutien. Ce fut de grand cœur qu’il mit au service de la vengeance de don Rafael la poignée d’hommes réunis sous ses ordres. Tous deux marchèrent contre l’insurgé, et le joignirent au cerro (colline) de Chacahua, où l’ancien vaquero s’était retranché, et, malgré la résistance qu’ils trouvèrent, ils parvinrent à le déloger de cette position, mais sans pouvoir réussir à s’emparer de sa personne.

Une quinzaine de jours s’écoulèrent en vaines poursuites, jusqu’à ce qu’enfin, après une action acharnée, les gens de Valdès, mis en fuite, ne le virent plus revenir à l’endroit assigné d’avance pour se rejoindre en cas de malheur.

Ils n’entendirent plus parler de leur chef, qui, dès ce moment, venait de disparaître pour ne plus se montrer. Valdès fuyait lorsqu’il entendit sur ses pas le souffle ardent et rauque d’un cheval élancé à fond de train après lui. C’était le bai brun du capitaine Tres-Villas, qui en quelques bonds, l’eut bientôt atteint.

Une courte lutte s’engagea entre les deux cavaliers, et, en dépit de son habileté équestre, le vaquero, enlevé de ses arçons par une main vigoureuse, fut jeté si rudement à terre, qu’il n’eut pas la force d’empêcher le lazo du capitaine, aussi bon cavalier, aussi adroit qu’aucun des dompteurs de chevaux de son père, de s’abattre sur lui, de l’étreindre et de l’entraîner attaché à son cheval.

Au bout de quelques minutes d’une course rapide, Valdès était mort, et ses plus dévoués partisans n’eussent jamais reconnu les traits défigurés de leur chef, si une main n’eût écrit au-dessus de sa tête, cloué à la porte de l’hacienda del Valle, et le nom du bandit et celui de l’homme qui avait tranché cette tête.