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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/255

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« Eh bien ! colonel, dit le général de brigade, j’ai appris que vous veniez de recevoir un message. Est-il confidentiel ou sa teneur peut-elle intéresser la cause royaliste ?

— Le lieutenant qui commande pour le roi l’hacienda del Valle me fait savoir que ces deux guerilleros, que les deux partis devraient mettre hors la loi, Arroyo et Bocardo, ont reparu dans la province avec leur bande, et, après la prise de cette bicoque, j’aurai l’honneur de solliciter de Votre Excellence la mission d’aller moi-même les traquer comme des bêtes féroces.

— Cette mission vous sera donnée, colonel ; je ne saurais trouver personne qui fût plus digne de la remplir.

— Personne du moins n’y mettrait plus d’acharnement, » ajouta Rafael.

Le conseil de guerre commença. Sans rendre compte en détail de ce qui s’y passa, nous nous bornerons à rapporter ce qui fera connaître la position respective des assiégeants et des assiégés.

« Messieurs, dit le général, il y aura demain cent quatorze jours que nous avons ouvert le siège de ce que le colonel Tres-Villas appelle avec raison une bicoque ; sans compter les escarmouches, nous avons livré quinze assauts, et cependant nous sommes encore aussi peu avancés que le premier jour.

— Moins avancés même, dit Regules quand le brigadier eut achevé ce court résumé, car la confiance des assiégés s’est accrue du succès de leur résistance. Ils n’avaient pas de canon, et le colonel Trujano possède aujourd’hui trois pièces qu’il a fondues avec les cloches des églises.

— C’est dire implicitement que le commandant Regules est d’avis de lever le siège ! » s’écria Caldelas avec quelque ironie.

Depuis longtemps déjà une animosité secrète existait entre les deux maréchaux de camp, Caldelas et Regules,