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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/256

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l’un d’une bravoure et d’une loyauté à toute épreuve l’autre souvent cruel sans nécessité et d’un courage peut être plus que contestable.

« C’est la question de lever ou de continuer le siège que nous avons à discuter, interrompit le général. C’est au colonel Tres-Villas, comme le plus jeune et le moins élevé en grade, à donner son avis. Parlez, colonel.

— Lorsque quinze cents hommes assiègent une place comme Huajapam, à peine défendue par quatre cents, ils doivent la prendre ou se faire tuer jusqu’au dernier sous ses retranchements ; car, autrement, c’est compromettre à la fois leur honneur et le succès de la cause qu’ils soutiennent. Voilà l’opinion que j’ai l’honneur de soumettre à Votre Excellence.

— Et vous, commandant Caldelas, quel est votre avis ?

— Celui du colonel, repartit Caldelas. Lever le siége serait du plus pernicieux exemple pour les royalistes et un déplorable encouragement à l’insurrection. Que dira le brave commandant en chef des troupes du roi, don Félix Calleja ? Pendant cent jours, il a assiégé dans Cuautla un général plus habile, plus redoutable que Trujano, Morelos, et, au bout du centième, il était maître de la ville.

— Morelos l’avait évacuée, objecta Regules.

— Qu’importe ? il s’avouait vaincu, et la bannière d’Espagne a eu les honneurs du siège. »

C’était au tour de Regules de parler.

Il énuméra longuement les lenteurs et les difficultés du siège, les assauts infructueux et sanglants qui avaient été livrés ; il chercha à démontrer combien était nuisible à leur cause un vain point d’honneur qu’on faisait prévaloir sur les nécessités politiques, qui exigeaient impérieusement qu’on ne laissât pas se consumer devant un village sans importance le courage de mille braves soldats, tandis que Morelos se portait sur Oajaca. « Et quand