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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/257

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je dis mille soldats, ajouta-t-il, ce n’est pas sans raison ; car le colonel, en parlant de quinze cents, a fait entrer les morts en ligne de compte… Jusqu’à présent, continua-t-il, dans toutes nos rencontres avec l’ennemi sur divers points du royaume, nous n’avons eu affaire qu’à des soldats électrisés par ce qu’ils appellent l’amour du pays, tandis qu’en face de nous combattent des assiégés fanatisés par l’esprit religieux de Trujano, qui inspire aux habitants de sa petite ville un courage égal à celui de ses soldats. Ce ne sont donc pas trois cents ennemis seulement que nous avons devant nous, mais bien mille fanatiques qui se battent en désespérés et meurent en chantant. Pendant que nous nous consumons en inutiles efforts, l’insurrection se propage dans la province, et nous perdons ici un temps qui serait plus utilement employé à l’étouffer. Mon avis est donc de lever un siège désastreux sous tous les rapports.

— Les assiégés se rappellent les exploits de Yanguitlan, dit Caldelas ; voilà pourquoi ils se défendent si bien. »

À cette allusion, dont nous expliquerons le sens plus tard, Regules se mordit les lèvres de dépit, et répondit par un regard de haine concentrée au regard ironique de Caldelas.

Au point de vue d’un général en chef, responsable de la vie de ses soldats, par cela même moins accessible au point d’honneur qu’un officier d’un rang inférieur, les raisons alléguées par Regules ne manquaient pas d’une certaine solidité, et le général partageait son avis.

Cependant, sans vouloir user de la prépondérance que lui donnaient et son grade et l’autorité du commandement, il proposa un moyen terme.

C’était de livrer le lendemain un dernier et terrible assaut, et de lever le siège s’il était infructueux comme les précédents.

Le général en chef parlait encore, lorsqu’un bruit va-