Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le temple des assiégés était la place elle-même, la voûte étoilée du ciel lui servait de dais. Partout, à la rouge clarté des torches, on distinguait les assistants silencieux et recueillis : les femmes, les enfants et les vieillards sur le seuil des maisons ; au milieu de la place, les soldats avec leurs uniformes et leurs vêtements en lambeaux et leurs armes à leur côté. Plus loin, des blessés, aux linges ensanglantés, se traînaient pour prendre part à la prière commune.

À l’aspect d’un homme qui, le front calme, l’air inspiré, s’avançait au milieu de la place comme jadis les juges d’Israël, toutes les têtes se découvrirent ou s’inclinèrent.

Cet homme était le colonel Trujano. Il fit signe qu’il allait parler, et le silence devint plus profond encore.

« Enfants, commença-t-il d’une voix sonore, l’Écriture a dit : « Ceux qui gardent la ville veilleront en vain si le Seigneur ne veille avec eux ; » supplions donc le Dieu des armées de veiller avec nous. »

Tous s’agenouillèrent, et, dans l’espace resté vide autour de lui, Trujano s’agenouilla aussi.

« C’est ce soir, reprit-il, que s’achève la neuvaine commencée pour l’heureux retour de notre messager ; prions aussi pour lui et chantons les louanges de Dieu, qui jusqu’ici a préservé ses enfants qui ont eu confiance en lui. ».

Alors il entonna le verset du psaume qui dit :

« Sa vérité vous servira de bouclier, vous ne craindrez ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole durant le jour, ni la contagion qui se glisse dans les ténèbres, ni les attaques du démon de midi. »

Après chacun des versets du psaume, les assistants répétaient :

« Seigneur, ayez pitié de nous. Seigneur, prenez-nous en miséricorde. »

Les sentinelles espagnoles, veillant autour de la tran-