Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le factionnaire ne laissa pas un cadavre sans le percer de deux ou trois coups de baïonnette.

Aucun de ces corps insensibles ne fit un mouvement, et les seuls bruits qui troublèrent la tranquillité de la nuit ne furent plus que des soupirs de fureur du soldat et la voix lointaine qui chantait les psaumes aux assiégés.

« Oui, oui, chantez maintenant, coquins, dit l’Espagnol, vous avez raison, ne fût-ce que pour vous moquer de ceux qui font si bonne garde autour de vous. »

Pendant ce temps, l’Indien se faisait reconnaître aux sentinelles de Trujano.

Au moment où il arrivait sur la place, la population et la garnison, agenouillées à la clarté des torches, continuaient leur ferventes oraisons.

Le religieux colonel, comme s’il eût pensé que le Dieu qu’il invoquait voulait lui donner une marque éclatante de sa protection, chantait le verset :

« Je le délivrerai parce qu’il a mis en moi toute sa confiance :

« Je le protégerai parce qu’il a invoqué mon nom. »

Quand la dernière prière de cette neuvaine si efficace fut terminée, l’Indien rendit compte de son message.

Il avait vu Morelos et il apportait la promesse du général de se mettre à l’instant en marche pour venir au secours des assiégés.

Alors Trujano, levant les yeux au ciel, s’écria :

« Bénissez maintenant le Seigneur, ô vous tous qui êtes ses serviteurs ! »

Puis, après la distribution du souper faite par le colonel lui-même, les torches s’éteignirent et les assiégés se livrèrent au sommeil, pleins de confiance dans celui qui ne dort jamais et dont la protection leur servait de bouclier.

Le lendemain soir, à la même heure, pendant que les assiégés étaient réunis sur la place pour la prière en commun qui terminait invariablement chaque journée,