Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je n’achevai pas par politesse, mais je pensai que peu m’eût importé, à moi, de manger chaude ou froide l’horrible chère à laquelle tout voyageur est condamné sur la terre mexicaine.

« Quant aux habitudes irrégulières du seigneur Castaños, repris-je, il ne faut pas s’en étonner ; un ancien guerillero de l’indépendance n’est pas tenu à tant d’exactitude.

— Cela n’y fait rien, répondit doña Faustina ; nous avons ici le presbitero don Lucas Alacuesta, qui, pour avoir fait en partisan toutes les campagnes de l’illustre Morelos, n’en est pas moins aujourd’hui le modèle des chanoines.

— Un compagnon de Morelos ! m’écriai-je ; pourquoi ne me l’avez-vous pas dit plus tôt ?

— Quel intérêt prenez-vous à cela ?

— Celui de satisfaire un désir qui est né chez moi sur le champ de bataille du pont de Caldéron. Je me suis mis en tête, depuis quelques jours, de trouver des témoins oculaires et des acteurs de la guerre de l’indépendance, qui puissent me la raconter depuis son origine jusqu’à sa fin. J’ai fouillé le capitaine comme une vieille chronique, je l’ai épuisé, et je cherche un nouveau livre vivant pour le feuilleter. Vous ne connaissez pas le seigneur don Cornelio Lantejas ?

— Pas le moins du monde.

— Eh bien ! don Lucas le remplacera pour moi. »

Là-dessus, comme je finissais de déjeuner, don Ruperto était de retour.

« Au diable les tortillas et les haricots ! s’écria le capitaine en réponse aux reproches de l’hôtesse. Je viens d’en manger à discrétion, et arrosés d’une vieille bouteille d’un vin de Catalogne à couper par tranches comme une sandia[1]. J’ai fait un déjeuner de chanoine.

  1. Pastèque.