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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/270

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Lantejas frappa ses deux cailloux avec bruit.

Ce bruit sec arriva aux oreilles de l’Espagnol. Il s’arrêta, prêta l’oreille et fit résonner son fusil dans sa main.

Le capitaine frappa pour la seconde fois. La pierre et les flèches sifflèrent dans l’air, et, atteint d’un triple coup, le factionnaire tomba sans jeter un soupir.

« Allons ! dispersez-vous, dit vivement Costal ; le reste me regarde. »

Le capitaine et les deux Indiens se glissèrent de leur mieux derrière les absinthes et les aloès ; puis, tout à coup, don Cornelio tressaillit d’effroi.

La sentinelle qu’il avait vue tomber se promenait comme auparavant ; c’était sa même allure, et Lantejas ne nota aucune différence dans la voix qui cria d’un ton formidable :

« Alerta ! centinela !

— Où diable est Costal ? » se dit don Cornelio en cherchant vainement le Zapotèque.

Pendant ce temps, les deux autres Indiens, blottis d’abord à quelque distance du capitaine, s’avançaient vers la ville, sans paraître prendre beaucoup de souci de la sentinelle.

Ce fut un trait de lumière pour le naïf don Cornelio.

« Ce factionnaire, c’est Costal, parbleu ! » se dit-il.

En effet, le mort avait été remplacé par le vivant, et, de cette façon, le factionnaire étant toujours au même poste et répétant les mêmes cris que lui, les autres sentinelles ne pouvaient avoir aucun soupçon de ce qui venait de se passer.

Don Cornelio s’élança le plus rapidement, qu’il put vers la ville assiégée.

Déjà les deux autres Indiens avaient disparu, et quand Costal vit que le capitaine allait bientôt en faire autant, il s’empressa de jeter loin de lui le shako et le fusil du factionnaire.