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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/283

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Rafael cette journée terrible et délicieuse à la fois où, en se séparant de l’étudiant en théologie, il allait revoir Gertrudis après une longue absence, et recevoir l’aveu d’un amour, hélas ! trop tôt oublié.

Toutes ces causes réunies, le souvenir de la fille de don Mariano surtout, servirent d’égide à don Cornelio.

Un sourire amer se dessina sur les lèvres de don Rafael en pensant que, si ce frêle et pâle officier venait de donner la mort au vaillant Caldelas, dont peut-être il n’eût osé soutenir le regard, c’est que l’heure de l’Espagnol était venue.

« Rendez grâces au ciel, lui dit-il, qui vous fait tomber entre les mains d’un homme que d’anciens souvenirs empêchent de venger sur vous la mort du brave Caldelas, le plus brave des chefs espagnols !

— Ah ! le brave Caldelas est mort ! s’écria Lantejas ; serait-il possible ? Mais ce doit être vrai, puisque vous le dites. En tout cas, je lui pardonne, ajouta-t-il dans le trouble de ses sens, et à vous aussi.

— C’est généreux ! reprit don Rafael.

— Plus que vous ne pensez, répondit Lantejas un peu revenu de sa frayeur à la voix de l’ennemi qui lui pardonnait son exploit ; car cet officier et vous m’avez causé une horrible peur. Mais, seigneur don Rafael, je me trouve dans une position bien incommode pour causer…

— Vous me pardonneriez encore de vous remettre sain et sauf sur vos pieds, reprit le colonel ; qu’il soit fait selon vos désirs. »

En disant ces mots, don Rafael laissa glisser doucement don Cornelio sur ses pieds jusqu’à terre.

« Adieu, capitaine, dit le colonel ; je vous quitte avec le regret de n’avoir pas le temps d’apprendre comment il se fait que le très-pacifique étudiant qui semblait avoir puisé l’horreur de l’insurrection dans le mandement de Mgr de Oajaca soit aujourd’hui transformé en capitaine insurgé.

— J’aurais été bien aise de savoir aussi par quelles