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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/282

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Resté maître du champ de bataille, du côté où il avait combattu, Trujano cherchait en vain à savoir ce qu’était devenu l’officier qu’il avait expédié pour demander du renfort, et Costal s’inquiétait de ne pas voir revenir don Cornelio.

La situation du capitaine était du reste des plus critiques, à en juger par l’acharnement du cavalier qui le poursuivait ; jamais il ne s’était vu exposé à un plus grand danger qu’en ce moment.

Comme il allait sortir du chemin creux, il sentit derrière lui le souffle ardent du cavalier lancé à sa poursuite, et la tête du cheval, dont les ronflements lui paraissaient à la fois si étranges et si effrayants, se mit presque de niveau avec la tête du sien, et, tout aussitôt, une main le saisit par le collet de son habit.

Lantejas, arraché en même temps à ses arçons, fut entraîné à la renverse, et jeté sans cérémonie sur le dos, en travers de la selle de son adversaire.

Don Cornelio vit se lever, pour le frapper, un bras armé d’un poignard aigu, étincelant comme l’épée de flamme d’un archange. Il fermait les yeux, croyant toucher à son heure dernière, quand tout à coup le bras s’arrêta, et il entendit une voix s’écrier :

« Toma[1] ! c’est don Cornelio Lantejas ! »

Le capitaine ouvrit les yeux, et il reconnut à son tour le robuste officier avec lequel il avait cheminé vers l’hacienda de las Palmas, don Rafael Tres-Villas.

Malgré le ressentiment profond du colonel contre celui dont la lance avait tué son ancien compagnon d’armes Caldelas, il y avait quelque chose de si étrangement comique dans l’expression de la figure de Lantejas, tant d’innocence dans son maintien, qu’il sentit sa fureur s’évanouir à l’instant.

Puis une pensée, rapide comme l’éclair, rappela à don

  1. Tiens !