Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/401

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses gens, en outre, ne sont-ils pas prisonniers comme lui ?

— Au fait, répondit don Rafael ému de pitié, nous ne pouvons songer à envelopper dans un sort commun les victimes et les bourreaux, ni à faire grâce à ces misérables ; forcer ces vipères dans leur nid, c’est nous exposer à perdre bien du monde.

— C’est embarrassant, en effet, dit le lieutenant ; je ne vois qu’un moyen pour obtenir d’eux qu’ils nous rendent leurs prisonniers, c’est de leur proposer l’amnistie ; je veux dire par là leur offrir de les pendre de la manière la plus vulgaire. Eh ! mon Dieu oui, de les pendre par la tête : les coquins y gagneront encore.

— Il est douteux toutefois que votre offre les séduise, mon cher lieutenant, reprit don Rafael.

— Cependant…

— Si j’osais donner un avis, interrompit le domestique, je proposerais un moyen terme qu’ils accepteraient peut-être.

— Parlez, mon ami, dit le colonel.

— Voyons donc votre moyen terme, qui vaut mieux que le marché que je propose, ajouta Veraegui d’un ton de susceptibilité dédaigneuse.

— La femme d’Arroyo est parmi ces misérables, reprit le fidèle serviteur de don Fernando, et, quoiqu’elle ne vaille guère mieux que le plus coquin d’entre eux, c’est une femme, après tout. On pourrait lui offrir sa grâce en cette qualité, si elle consent à nous amener mon pauvre maître.

— C’est un pauvre moyen qui ne vaut pas le mien, s’écria le Catalan ; et, pour chacun de vos compagnons, faudra-t-il amnistier un bandit ? »

Le moyen terme proposé était inacceptable en réalité ; car les gens de don Fernando, prisonniers comme lui, étaient assez nombreux pour que ce qui restait de la bande, que le gouverneur avait donné ordre d’anéantir,