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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/403

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« Le colonel est parti, dit Veraegui.

— Parti ! Caramba ! c’est donc un sort ! s’écria le Zapote stupéfait ; et où est-il ?

— À une demi-lieue d’ici à peu près et dans cette direction. »

Le lieutenant, après leur avoir montré du doigt le côté de la campagne plongé dans de profondes ténèbres vers lequel don Rafael s’était dirigé, tourna le dos aux deux messagers désappointés. Ceux-ci, trop heureux d’échapper au redoutable Catalan, n’eurent pas besoin de se consulter longtemps pour reprendre à toutes jambes leur poursuite après le colonel, qu’un hasard obstiné semblait toujours dérober à leur tendresse.



CHAPITRE VIII

LA COLLINE ENCHANTÉE.


Nous touchons au dénoûment de ce drame, et le moment est venu de tirer le rideau de devant le dernier tableau que nous ferons passer sous les yeux du lecteur.

Les constellations marquent environ dix heures, et un ciel étoilé couvre une vaste étendue de terrain, tour à tour boisé, découvert et fangeux, ou sillonné de mornes pelés semblables à des dunes ; un lac, ou plutôt un étang immense, en occupe à peu près le centre : c’est le lac d’Ostuta.

La lagune a cette apparence morne et désolée que, au dire des voyageurs, présente la mer Morte, depuis que la colère de Dieu l’a maudite.

Ses eaux, épaisses et noires, ne réfléchissent aucune étoile ; elles battent tristement, sous le souffle du vent qui semble se plaindre, une plage marécageuse couverte de roseaux aux liges grêles et aux panaches flétris.