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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/410

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« Et vous dites que les abords du gué sont libres à présent ? reprit-il.

— Les abords du fleuve sont déserts, et cependant je n’oserais conseiller à Votre Seigneurie de se mettre en marche avant le jour.

— J’y penserai, » répondit don Mariano en congédiant son domestique.

Et il resta seul, livré à d’affligeantes pensées, près de sa fille endormie, et ne repoussant qu’à peine l’idée qu’un terrible danger menaçait, loin de lui, la sœur de Gertrudis.

Les rideaux de la litière s’ouvrirent tout à coup, et interrompirent pour un moment ses douloureuses réflexions.

« Le sommeil m’a soulagée, dit sa fille en s’accoudant sur son oreiller ; ne pourrions-nous nous remettre en marche ? Le jour va bientôt venir, sans doute ?

— Il n’est pas minuit, répondit don Mariano ; le jour est loin encore.

— Alors pourquoi ne dormez-vous pas, mon père ? Nous sommes en sûreté, ce me semble, ici ?

— J’en conviens ; mais je n’ai pas sommeil, je ne veux dormir que sous le toit où vous serez réunies toutes deux, Marianita et toi.

— Elle est bienheureuse, Marianita ; la vie n’a été pour elle jusqu’ici que comme l’un de ces sentiers fleuris que nous avons traversés dans les bois, » ajouta Gertrudis en souriant à l’idée du bonheur de sa sœur.

Don Mariano soupira et répondit :

« Le bonheur viendra aussi pour toi, Gertrudis. Tu ne tarderas pas à voir don Rafael arriver en toute hâte.

— Oui, parce qu’il a juré sur son honneur qu’il reviendrait à l’appel convenu ; mais voilà tout, répliqua Gertrudis avec un douloureux sourire.

— Il n’a pas cessé de t’aimer, mon enfant ! s’écria don