Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mariano en affichant une conviction qu’il n’avait pas ; il n’y a entre vous qu’un malentendu.

— Un malentendu dont on meurt, mon père ! »

Et Gertrudis essaya de cacher ses pleurs en laissant retomber sa tête alourdie sur ses oreillers.

Il y eut un moment de silence.

Puis tout à coup, par une de ces réactions soudaines d’une âme malade, Gertrudis parut accueillir quelque espoir.

« Pensez-vous que le messager ait eu le temps de trouver don Rafael ? demanda-t-elle.

— Il faut trois jours pour aller de Oajaca à l’hacienda del Valle ; il y en a bientôt quatre qu’il est parti. Si, comme on nous l’a dit, don Rafael se trouvait devant Huajapam, c’est là que notre messager le joindra demain, sans doute. Dans trois jours, quatre au plus, le colonel pourra être à San Carlos, où il sait que nous nous rendons.

— Quatre jours, c’est bien long ! »

Gertrudis n’osa pas dire qu’à peine ses forces dureraient ce laps de temps. Elle reprit après un instant de silence :

« Et cependant, quand, la rougeur sur le front et les yeux baissés, j’entendrai la voix de don Rafael qui me dira : « Vous m’avez appelé, Gertrudis, me voici ; » que lui répondrai-je ? Je mourrai de honte et de douleur, car lui ne m’aime plus ; en me voyant si défaite, en ne retrouvant que l’ombre de celle qu’il a laissée brillante de santé et de fraîcheur, peut-être, par générosité, condescendra-t-il à feindre un amour qu’il n’éprouvera plus, et moi je ne pourrai le croire : quelle preuve me donnera-t-il qu’il ne ment pas par compassion pour moi ?

— Qui sait ? répondit don Mariano ; peut-être te donnera-t-il une preuve de sincérité que tu ne pourras révoquer en doute.

— Ne le désirez pas, si vous m’aimez ! s’écria Gertru-