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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/417

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trer. Ses gardiens, loin de soupçonner sa force et son intrépidité, l’avaient laissé libre de ses mouvements ; alors Costal s’était approché du bandit en réclamant le dolman comme appartenant à l’officier qu’il accompagnait. Le Gaspacho refusait tout naturellement de le restituer, et il le remettait sur ses épaules après l’avoir fait admirer à ses compagnons. Il avait déjà passé un bras dans une manche quand, du poignard caché dans sa ceinture, l’Indien frappa le bandit et lui arracha le précieux vêtement.

Dès qu’il l’eut en sa possession, il le roula autour de son bras, se fit du corps de Gaspacho un bouclier encore vivant, et, le rejetant avec une vigueur prodigieuse à ses ennemis stupéfaits, il gagna la salle où il venait d’apprendre qu’on avait amené le capitaine. On sait le reste.

L’Indien et le nègre délivrés à temps pouvaient gagner le lac avant le lever de la lune, et, dès qu’elle paraîtrait, commencer leurs incantations aux divinités des eaux et des montagnes, Matlacuezc et Tlaloc. Toutefois il y avait un point délicat à régler entre le Zapotèque et le capitaine.

Essayer de détourner l’Indien de se livrer à ses absurdes et superstitieuses pratiques eût été peine perdue, et don Cornelio connaissait trop bien Costal pour l’entreprendre ; proposer de l’accompagner n’était guère plus convenable. Les croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, se trouvent gênés dans l’exercice de leur culte par le voisinage des incrédules.

Don Cornelio pensait bien qu’au cas où l’Indien eût admis sa présence, il n’eût pas hésité à n’attribuer qu’à elle seule la cruelle déception à laquelle il ne pouvait échapper.

Il fallait donc que le capitaine restât seul, et c’était ce qui lui souriait le moins, si près encore du repaire des bandits d’Arroyo. Comme il allait cependant s’assurer des intentions de Costal, celui-ci le prévint.