Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/418

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Il est peu probable, dit-il, que Votre Seigneurie puisse rencontrer une cabane encore habitée si près de ce nid de brigands ; la moindre hutte doit être déserte ; mais je présume que, pourvu que vous trouviez un toit pour vous abriter…

— Vous ne désirez donc pas que je sois admis, comme vous, à présenter mes respectueux hommages à Tlaloc ou à sa compagne ? répondit le capitaine.

— J’aimerais autant… beaucoup mieux même, reprit l’Indien en hésitant, car il n’osait avouer que la présence de Lantejas lui était à charge, que Votre Seigneurie… fût ailleurs… qu’auprès de nous ; et puis d’ailleurs, ajouta-t-il vivement, c’est une affaire sérieuse que celle de converser avec les esprits du monde supérieur ; tenez, voilà le brave Clara qui pâlit à cette seule pensée. (Le visage du nègre présentait en effet une espèce de teinte gris de fer.) Voyons, Clara, il est encore temps de reculer si vous avez peur.

— C’est la lune qui me rend pâle, parbleu ! s’écria le nègre en s’affermissant sur ses étriers sans penser que la lune ne brillait pas encore. Je ne reculerai pas d’un pouce devant le génie des placers d’or. »

Le capitaine mit fin à la discussion en disant à l’Indien qu’il concevait sa répugnance à admettre des témoins à ses pratiques superstitieuses, et que, de son côté, il était trop bon chrétien pour vouloir assister à un acte que ses principes religieux réprouvaient, et qu’à défaut d’une cabane habitée ou non, la nuit était assez chaude pour qu’il pût les attendre à la belle étoile.

« Eh bien ! acheva Costal, si d’ici à un quart d’heure nous ne trouvons pas l’abri que nous cherchons pour vous, nous devrons nous séparer, car déjà le vent qui fraîchit m’annonce le voisinage du lac. »

Les voyageurs continuèrent leur route en silence ; mais l’aspect du paysage qui devenait de plus en plus