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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/419

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sauvage ne laissait que peu d’espoir de rencontrer une habitation, quelque modeste qu’elle fût.

Les trois compagnons ne tardèrent pas à arriver sur la lisière d’une vaste et verte savane. Quelques flaques d’eau éparses çà et là y brillaient comme des miroirs, et un bouquet de palmiers entouré d’une végétation touffue en occupait le centre.

« Votre Seigneurie sera là comme dans un fort ; vous serez invisible derrière ces arbres, tout en voyant de loin autour de vous, » s’écria Costal.

Don Cornelio accepta cet abri à défaut d’autre, et se sépara pour la seconde fois de ses deux compagnons de route, qu’il suivit de l’œil aussi longtemps que l’éloignement ne les lui cacha pas. Quad ils eurent disparu il se disposa à gagner le centre de la savane. Malheureusement il arriva ce qu’il aurait dû prévoir, c’est-à-dire que le sol de la savane était si humide ou plutôt si noyé, que, de quelque côté qu’il se dirigeât, son cheval enfonçait jusqu’au genoux et refusait d’avancer.

Après bien des tentatives inutiles, don Cornelio fut forcé de renoncer à pénétrer jusqu’au bouquet de palmiers, surtout lors que la brise lui apporta la fétide odeur de musc qu’exhalaient les caïmans dans leurs fangeuses retraites.

Cependant, pour ne pas s’éloigner davantage de ses deux compagnons, le capitaine s’avança dans la direction qu’ils venaient de suivre, et se mit à la recherche de quelque autre position aussi sûre que celle qu’il venait d’être forcé de quitter.

Don Cornelio craignait avec quelque raison que les bandits subalternes d’Arroyo, désireux de venger la mort du Gaspacho, n’eussent pas pour l’envoyé de Morelos la même considération que leur chef. Il n’avait pas oublié que celui-ci avait ordonné qu’on se mît à la poursuite de la maîtresse de l’hacienda.