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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/428

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en le voyant avec ses cavaliers tourner le lac et s’éloigner.

Grâce à la clarté de la lune, la vue du capitaine pouvait presque plonger jusqu’au fond des roseaux. Les bords du lac étaient redevenus déserts, ses eaux étaient silencieuses et tranquilles. Tout à coup, don Cornelio crut voir une légère agitation parmi les plantes marécageuses qui croissaient le long des rives.

Au même instant, une ombre vague et indécise apparut au milieu des touffes vertes et des lames aiguës des glaïeuls, et cette ombre, en s’élevant insensiblement, prit la forme distincte d’une femme.

Elle était vêtue d’une robe blanche, et de longs cheveux épars et en désordre flottaient sur ses épaules.

Une sueur froide ruissela sur le front de don Cornelio. Fasciné par cette étrange apparition, ses yeux égarés restaient fixés sur elle sans pouvoir s’en détacher : c’était, il n’en doutait pas, la compagne de Tlaloc, la terrible Matlacuezc, qui, sortie du palais humide qu’elle habite dans les profondeurs du lac d’Ostuta, se rendait aux évocations du descendant des anciens caciques de Tehuantepec.



CHAPITRE X

LE MESSAGE.


Depuis le moment où nous avons montré Costal et Clara battant les roseaux de la rive du lac pour en chasser les caïmans, puis s’élançant dans ses eaux fangeuses, emportés tous deux par ce fatalisme aveugle de l’Indien, qui lui faisait braver les alligators avec autant de témérité qu’il avait jadis bravé les requins, le lecteur ignore complétement ce que sont devenus ces deux person-