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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/447

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« Eh bien ! lui demanda-t-il, croyez-vous toujours avoir vu l’épouse de Tlaloc ?

— Je crois ce que mes pères m’ont enseigné à croire, répondit l’Indien d’un ton découragé. Je crois que le fils des caciques de Tehuantepec mourra sans avoir pu recouvrer l’ancienne splendeur de sa famille. Tlaloc, qui demeure là, ne l’a pas voulu. »

On s’expliquera facilement comment, l’esprit troublé jusqu’au vertige par la terreur que lui inspiraient les bandits d’Arroyo, la jeune femme de don Fernando s’était égarée en fuyant.

Arrivée au lac, les épais roseaux qui en garnissaient les bords, lui avaient paru un asile sûr où nul ne viendrait la chercher. Elle s’y était réfugiée.

On s’expliquera tout aussi aisément la présence d’Arroyo et de sa troupe dans le même endroit. En suivant les traces que la malheureuse créature qu’ils poursuivaient avait laissées derrière elle, ils étaient arrivés à son dernier refuge, laissant à leur tour leurs propres traces, que don Rafael devait bientôt retrouver. Un des hommes du guerillero avait aperçu Costal nageant dans le lac et près de saisir celle que sa folle imagination lui représentait comme la divinité des eaux. Brûlant de venger la mort du Gaspacho, le bandit avait tiré sur l’Indien ; mais sa balle, mal dirigée, s’était trompée de but, et avait frappé l’innocente victime qui, cherchant dans le lac fatal un asile contre les outrages qu’on lui préparait, ne devait y trouver que la mort.

La présence subite et inattendue de l’infortuné don Fernando sur les bords de ce même lac paraîtra peut-être d’autant plus inexplicable, que nous avons laissé le malheureux jeune homme captif dans sa maison et presque expirant au milieu des tourments que lui avait fait subir son bourreau. Quelques mots cependant suffiront pour donner au lecteur l’explication qu’il attend à ce sujet.