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Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/96

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La finesse élégante de la race espagnole se trahissait aussi dans des mains blanches d’un modèle presque idéal et dans un pied mignon dont les femmes, au Mexique et dans l’Amérique du Sud, semblent avoir le privilège exclusif, à quelque classe qu’elles appartiennent. Un léger soulier de satin couvrait ce charmant pied nu.

Cette jeune fille était doña Gertrudis, l’aînée des deux sœurs. Quoique Marianita, sa sœur cadette, ne lui cédât en rien, sa beauté était d’un genre différent : pétulante et rieuse, son œil vif et brillant contrastait avec l’œil humide et calme de sa sœur aînée, et les impressions devaient glisser avec autant de facilité sur cette surface mobile, qu’elles devaient pénétrer profondément à travers la surface plus rigide de doña Gertrudis. Il en devait être de la dernière comme des volcans de son pays, que cache toujours un manteau de neige.

Enfin, quoique l’ainée n’eût que dix-sept ans et que la cadette n’en comptât que seize à peine, toutes deux avaient acquis ce développement de la beauté féminine, à laquelle le temps ne peut qu’enlever du charme en altérant l’harmonie des formes.

Au moment où la chevelure de Gertrudis était livrée par elle aux soins de la femme qui en lissait les ondes, Marianita arrangeait en gracieux contours, sur son bas de soie, les rubans de satin attachés au soulier qui renfermait son joli petit pied.

Les événements politiques étaient venus éclater au milieu de cette famille comme parmi tant d’autres, et cependant avec plus de chances d’y faire éclore des dissentiments d’opinion ; car, au moment où commence ce récit, un mariage était projeté entre un jeune Espagnol des environs et doña Marianita.

Avant la révolution mexicaine, le vœu le plus ardent d’une jeune créole était d’épouser quelque nouveau venu de la mère-patrie, et cependant Gertrudis avait refusé cet honneur. Repoussé par elle, le prétendant espagnol