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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/125

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hasard au pauvre fray Epigmenio que vous en voudriez ?

– Et à qui donc, si ce n’est à lui ? Savez-vous ce que la veillée de cette nuit me fait perdre ? Un rendez-vous charmant, mon cher. – Et pour commentaire sur ces derniers mots, fray Serapio me lança un regard expressif qui complétait sa demi-confidence. Je ne me sentis pas la force de reprocher au moine son dévergondage dont il se vantait d’un ton si cavalier. En ce moment même, les premiers tintements du glas interrompirent notre entretien.

— Adieu, me dit fray Serapio, cette cloche m’appelle à mon poste, et je vous quitte.

Je lui serrai la main, et je ne pus m’empêcher en m’éloignant de songer au bizarre contraste que présentaient ces deux hommes, habitants du même couvent, soumis à la même règle, tous deux méconnaissant la sainteté de leur mission, l’un mariant le libertinage à une pieuse crédulité, l’un poussant la piété jusqu’au fanatisme en la faisant dégénérer en cruauté. Ce contraste, me disais-je, résumerait-il toute la vie du moine mexicain ?

Parmi les personnages qui ont figuré dans ce récit, un seul devait voir une vie paisible succéder à une jeunesse aventureuse : c’était l’étudiant don Diego Mercado, qui, appartenant à une riche famille du Mexico, avait toujours regardé l’avenir sans in-