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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/124

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dans une partie de la population du Mexique. Entre le passé et le présent des cloîtres de cet étrange pays, il y a un lien étroit, que les mœurs légères de quelques moines, rencontrés en passant dans les rues de Mexico, ne m’avaient pas fait soupçonner. L’inquisition a disparu, mais en laissant dans le clergé une trace profonde, une tradition singulièrement vivace de démoralisation, d’ignorance superstitieuse et de fanatisme.

Chaque fois que je me rendais au couvent de Saint-François, je rencontrais fray Epigmenio, tantôt errant dans le cloître, tantôt rêvant sous la tonnelle du jardin. Un jour, cependant, je parcourus tout le couvent sans que le vieux moine se présentât sur mon passage. Au moment où je me retirais, fray Serapio vint au-devant de moi. La présence du franciscain dans son couvent était un de ces cas trop rares pour que je ne l’interrogeasse pas sur le motif de cette pieuse dérogation à ses habitudes.

— Hélas s’écria Serapio d’une voix dolente, ne m’en parlez pas… fray Epigmenio n’en fait jamais d’autres. Il vient de mourir. Une fièvre lente le minait depuis longtemps ; ce matin elle l’a achevé, et c’est moi qui dois veiller le corps du révérend père. Pouvait-on me jouer un tour plus affreux ?

— Je ne comprend pas, lui dis-je. Serait-ce par