Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mort et désert. Je pris alors mon parti, et je m’avançai presque à tâtons dans la direction de la maison que j’avais reconnue le jour même. J’étais arrivé près du carrefour dont j’ai parlé, quand un bruit de pas se fit entendre derrière moi, et je vis un homme qui, venant de la place, se dirigeait de mon côté. Je voulus me ranger sur le trottoir, mais je ne sais comment mes jambes s’embarrassèrent dans une longue rapière que portait le promeneur nocturne : je trébuchai, et je ne pus éviter une chute qu’en me retenant à son manteau. L’homme fit aussitôt un pas en arrière, et le grincement du fer m’avertit qu’il tirait son épée.

Capa de Dios ! s’écria-t-il, est-ce à ma personne ou à mon manteau que vous en voulez, seigneur voleur ?

Je crus reconnaître cette voix, et je me hâtai de répondre : — Je ne suis ni un voleur ni un assassin, seigneur don…

J’espérais que l’inconnu allait venir en aide à ma mémoire et décliner son nom ; mais il n’en fut rien, et s’adossant à la porte d’une maison voisine :

— Qui êtes-vous et que me voulez-vous ? me demanda-t-il brusquement.

— Je cherche la demeure du licencié don Tadeo, répondis-je, et, si je ne me trompe, c’est la maison devant laquelle nous sommes en ce moment.