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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/149

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même l’un de ces dignes légistes qui vous aura sans doute conseillé de vous adresser à moi.

Je nommai le licencié qui m’avait vanté le cœur et le bras intrépides de don Tadeo. Celui-ci secoua la tête avec son dédaigneux sourire.

— Il s’agit d’une affaire dangereuse, je le vois bien, reprit-il. L’homme que vous nommez est mon ennemi déclaré, et il ne m’en envoie pas d’autres. J’ai là, vous l’avouerez, une étrange spécialité. Aussi m’est-il permis d’être quelque peu prompt à dégainer le soir dans les rues. Que voulez-vous je suis de Séville, et on n’a pas pour rien passé quelques années de sa vie parmi les spadassins du faubourg de Triana.

— Vous êtes Espagnol ?

— Oui, sans doute, et, avant d’être légiste, j’ai été ce qu’on nomme un gentilhomme ouragan, — uracan y calavera. — Vous voyez en moi un étudiant de Salamanque, de cette belle ville dans laquelle on fit, il y a bien des années, la glose-suivante :

En Salamanca la tuna
Anduve marzo y abril ;
Ninas he visto mas de mil
Pero como tu, ninguna[1].

  1. « À Salamanque, j’ai couru le guilledou dans les mois de mars et d’avril. De jeunes filles, j’en ai vu plus de mille, mais aucune qui te valût. »