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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/15

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l’était ce jour-là. De nombreuses constructions en bois remplissaient toute l’enceinte consacrée d’ordinaire aux courses ; revêtus d’herbe, de fleurs et d’odorante ramée, ces espèces d’échafaudages ne présentaient qu’une vaste salle de verdure, qu’une sorte de frais bosquet avec ses avenues mystérieuses, ses ruelles ménagées pour la circulation. Divers petits réduits disposés sous ce bosquet étaient autant de cabinets ouverts à la gastronomie mexicaine, autant de cuisines ou de puestos[1] de boissons fraîches. Dans les cuisines, c’était, comme toujours, ce luxe extravagant de ragoûts sans nom, à base de piment et de graisse de porc ; dans les puestos brillaient, au milieu des fleurs, des verres gigantesques remplis de diverses boissons rouges, vertes, jaunes, bleues. La populace des palcos de sol s’enivrait à longs traits de l’odeur nauséabonde de la graisse, tandis que d’autres plus heureux, assis dans cet élysée improvisé, savouraient, sous des tonnelles de verdure, la chair du canard sauvage des lagunes.

— Voilà, me dit le franciscain, en me montrant du doigt les nombreux convives attablés dans l’arène, voilà ce qu’on appelle une jamaïca.

– Et ceci, comment l’appelez-vous ? dis-je à

  1. Puesto, boutique portative, habituellement en feuillages.