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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/16

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mon compagnon en lui désignant un arbre de quatre à cinq mètres de haut, planté avec toutes ses feuilles au milieu de l’arène, et tout pavoisé de grossiers mouchoirs de couleur qui flottaient à chacune de ses branches.

– Ceci est le monte Parnaso, me répondit le franciscain.

’Aurions-nous par hasard une ascension de poëtes ?

— Non, mais de léperos et des moins lettrés, ce qui sera beaucoup plus divertissant.

Comme le moine me faisait cette réponse, qui ne m’instruisait qu’à demi, les cris de toro ! toro ! vociférés par la galerie que le soleil dévorait, devinrent de plus en plus bruyants ; les cuisines, les puestos d’eaux rafraîchissantes furent désertés en un clin d’œil les déjeuners furent subitement interrompus, et les débris des vertes cabanes jonchèrent le sol de l’arène sous le choc impétueux d’une bande de léperos qui se laissèrent glisser, à l’aide de leurs couvertures, des loges les plus élevées dans l’enceinte. Parmi ces forcenés qui hurlaient, gambadaient en détruisant les frêles cabinets de verdure, je ne fus pas surpris de retrouver mon ancien ami Perico. Sans lui ; la fête n’eût pas été complète. Le monte Parnaso, avec ses foulards de coton, s’élevait seul au milieu des débris de toute espèce qui en-