Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que sous les tentes des bohémiens nomades ou dans les rues de Mexico. Dès que Pepito aperçut le licencié, il courut à lui et serra les mains de don Tadeo avec toutes les démonstrations d’une vive reconnaissance.

— Ah ! seigneur licencié ! s’écria-t-il, je n’oublierai jamais que c’est à vous que je dois la vie. J’étais condamné à être garroté après-demain, et c’est vous qui me tirez des griffes du juge criminel ; c’est grâce à quelques réaux sortis de votre bourse que la liberté m’est rendue. Oui, seigneur licencié, ne faites pas l’étonné, je sais que vous êtes mon sauveur, votre clerc me l’a dit.

— Ortiz n’est qu’un sot, répondit sèchement don Tadeo ; mais je ne m’en réjouis pas moins de ta bonne fortune, car demain matin j’aurai à te parler, et je compte sur toi. Tiens, voilà en attendant une piastre pour ton souper.

— Allons donc ! je n’ai jamais faim que quand je n’ai rien en poche. Quand j’ai une piastre, je la joue.

Et le drôle avança vers la table de jeu. L’Américain et le Mexicain se levèrent en même temps et le suivirent. Don Tadeo, délivré de ces importuns, me tira aussitôt à l’écart.

— Vous voyez ces trois hommes, me dit-il en souriant. Pensez-vous qu’il y ait beaucoup de