Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/154

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que vous pouvez me les payer en toute tranquillité d’esprit par la cession de votre créance de même somme sur le seigneur Peralta, qui fera honneur à sa signature de la meilleure grâce du monde.

– Je n’ai pas dit cela, s’écria l’Américain avec un éclat de rire brutal. Je ne sais s’il paiera de bonne grâce. Tout ce que je sais, c’est qu’il paiera, ou bien…

— Doucement, interrompit don Tadeo ; du moment que Peralta devient mon débiteur, sa vie m’est précieuse, et j’entends qu’on la respecte.

— Le seigneur Peralta paiera de bonne grâce, je vous le jure, dit à son tour le Mexicain d’un ton doucereux en buvant son infusion d’eau de rose à petites gorgées, comme si c’eût été de l’eau de feu, tandis que l’Américain vidait son verre d’eau-de-vie d’un seul trait, comme un verre d’eau limpide.

— Qu’il me paie, c’est tout ce qu’il me faut, reprit le licencié ; mais n’est-ce pas Pepito Rechifla que j’aperçois là-bas avec mon clerc ? Allons, Ortiz a bien rempli sa mission.

Le nom de Pepito me rappela la jolie grisette que j’avais vue si désolée sous les Arcades des Marchands. Aussi je regardai avec curiosité l’homme que venait de désigner le licencié. C’était un de ces drôles au teint basané, à la chevelure inculte, à la physionomie effrontée, comme on en rencontre