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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/162

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une jeune femme d’une éclatante beauté qui, cédant à la vanité créole, s’était parée pour cette occasion de tous ses diamants. Les créoles ont ce travers, vous le savez, de vouloir paraître aussi riches que belles, et pourtant, quoi que pût faire la jeune femme, elle était encore plus belle que riche. Quelques instants s’écoulèrent, puis un homme, enveloppé dans un large manteau, s’avança vers la voiture. La portière s’ouvrit à son approche, et se referma précipitamment. Une rencontre de ce genre était trop dans les mœurs mexicaines pour étonner le cocher, qui se coucha sur le gazon à l’ombre des peupliers, et ne tarda pas à s’endormir profondément. Quand il se réveilla, la voiture était toujours à la même place. Seulement l’ombre des peupliers, au lieu de s’incliner vers le couchant comme à l’heure où il s’était endormi, s’allongeait vers l’orient, c’est-à-dire que le soleil achevait sa course, et que le soir allait succéder au matin. C’était l’heure où le parc commençait à être fréquenté par les promeneurs. Le cocher s’étonna d’avoir dormi si longtemps ; il courut à la voiture, appela, et ne recevant pas de réponse, ouvrit la portière. Alors un lugubre spectacle s’offrit à lui. Affaissée sur les coussins, la jeune femme était plongée dans un évanouissement qui s’expliquait trop bien par le sang dont la voiture était inondée. Ce sang coulait d’une large plaie