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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/161

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exaltation si douloureuse ne laissait guère soupçonner.

– Il y a dix ans, commença-t-il, une tentative d’assassinat fut commise à Mexico. Ce n’est là malheureusement qu’un fait trop ordinaire pour la capitale du Mexique, et si l’attention publique se porta un moment sur cette affaire, ce fut surtout à cause des circonstances qui l’avaient accompagnée. C’est grâce à l’étrangeté de ces circonstances que la tentative dont je vous parle, au lieu d’être racontée brièvement à la dernière colonne des journaux, figura parmi les événements plus ou moins importants qui ont le privilége d’occuper pendant plus d’une semaine la population désœuvrée de Mexico. Un singulier mystère planait, en effet, sur cette tentative de meurtre. Aux premières heures du jour, dans le parc Bucareli encore désert, une voiture de place était venue stationner dans un endroit retiré de la promenade. Le cocher était descendu de son siège, et s’était écarté discrètement, comme s’il eût deviné le motif de cette station matinale. Était-ce un homme ou une femme que cette voiture de providencia (vous savez qu’on appelle ainsi les voitures de place à Mexico) amenait à un rendez-vous d’amour ? Les stores soigneusement baissés interdisaient à cet égard toute conjecture, mais on sut plus tard qu’il y avait dans la voiture