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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/177

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retentissante, vous êtes témoins qu’au nom de la loi le seigneur ici présent, — et Pepito me désigna, — prend régulièrement possession de cet immeuble. Dios y Libertad.

Don Tadeo s’avança à son tour. Sur son invitation, j’arrachai une poignée d’herbes que je jetai par-dessus ma tête, puis je lançai une pierre par-dessus le mur du jardin : c’était faire acte de propriété aux termes de la loi mexicaine. Un hourra générât s’échappa aussitôt de la bouche des témoins. Il ne me restait plus qu’à remplir la dernière formalité imposée par l’usage, c’est-à-dire à faire acte de munificence envers les drôles qui étaient accourus de tous les coins du village pour me souhaiter la bienvenue. J’en fus quitte pour quelques piastres, que les témoins, conduits par Pepito, allèrent dépenser au cabaret voisin.

— Eh bien me dit le licencié quand nous fûmes seuls, vous voilà enfin rentré dans votre créance. Que pensez-vous de mon procédé pour faire rendre gorge aux débiteurs récalcitrants ?

— Je pense, don Tadeo, que vous jouez là un jeu bien dangereux, et si j’ai un conseil à vous donner, c’est de renoncer le plus tôt possible à cette vie de redresseur de torts, où il me semble que la somme des pertes doit finir tôt ou tard par excéder celle des profits.