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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/18

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tronc des coups de corne redoublés. Sous ! e poids dont ! es branches étaient chargées, l’arbre s’inclina bientôt de côté enfin, au moment où Perico faisait une ample moisson de foulards, il s’inclina davantage et s’abattit, entraînant dans sa chute une grappe hideuse de corps entrelacés. Des rires frénétiques, des applaudissements enthousiastes éclatèrent parmi les douze mille spectateurs qui garnissaient les gradins et les loges, à l’aspect des malheureux qui, meurtris, éclopés, cherchaient à se dégager de leurs étreintes mutuelles et des branchages dans lesquels ils étaient enchevêtrés. Le taureau vint ajouter à la confusion en égrenant à coups de corne cette noire guirlande, et j’eus la douleur de voir l’infortuné Perico, lancé à dix pieds en l’air, retomber dans un état d’immobilité qui m’ôtait tout espoir de continuer jamais sous un maître si habile mes études encore bien incomplètes sur la vie mexicaine.

Au même instant où Perico était emporté à grand’-peine hors de l’enceinte, cent voix s’élevèrent pour appeler un prêtre. Fray Serapio se tapit à ce moment dans un angle de la loge mais, quoiqu’il en eût, il ne put esquiver le devoir que lui imposait la volonté du peuple. Il se leva donc avec une gravité qui dissimulait aux yeux du public son vif désappointement, et me dit tout bas :