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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/186

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existence à laquelle j’ai la faiblesse de tenir ; avec le bon plaisir de votre seigneurie, je n’irai donc pas plus loin.

— En effet, lui dis-je, la fièvre jaune commence dans ces parages ; elle affectionne en outre les gens joufflus de ton espèce ; qu’à cela ne tienne, tu connais le chemin d’ici à Mexico ; puisse le cheval que je te donne en récompense de tes bons services t’y faire arriver à bon port !

Malheureusement il y avait entre le maître et le valet une question de gages arriérés que le don d’un cheval fourbu, hors de service, ne tranchait pas précisément en faveur du valet. Ce dernier me le donna délicatement à entendre, et voulut être payé séance tenante. Je dus alors recourir à un argument que je croyais sans réplique.

– Tu sais pourquoi j’ai quitté Jalapa ; or, comme je ne puis trouver dans ces solitudes quelque maison de commerce qui veuille accepter une traite de moi sur Vera-Cruz, je t’engage à prendre encore ton mal en patience jusque-là.

Cecilio ne répondit pas, mais son attitude me prouva qu’il ne se tenait pas pour battu. En effet, au bout d’une demi-heure environ de marche silencieuse, il revint à la charge.

— Si votre seigneurie voulait m’emmener en Europe, reprit-il, le vif désir que j’ai de visiter des