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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/185

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vannes. C’était la première fois, depuis cinq ans, qu’il se baignait dans les rayons d’un soleil semblable à celui de sa querencia lointaine, et sa joie se traduisait par de sauvages hennissements. Love, au contraire, la langue pendante, les flancs haletants, cherchait vainement quelques gouttes de rosée au milieu d’une végétation flétrie par la chaleur du jour.

Fatigué d’une marche qui s’était prolongée bien au-delà de mes prévisions, j’avais fait halte un instant. Je comptais reprendre bientôt ma route et arriver le soir même à Vera-Cruz, quitte à laisser Cecilio me rejoindre le lendemain, si son cheval ne pouvait suivre le mien ; mais le sort en avait décide autrement, Cecilio, resté en arrière, me rejoignit au moment où je me remettais en route. La sueur découlait de son visage empourpré ; une inquiétude extrême se peignait sur tous ses traits, d’ordinaire si placides. Il mit son cheval de pair avec le mien. Je fus doublement surpris : c’était la première fois qu’il se permettait à mon égard un pareil manque de respect, et l’effort que venait de faire sa monture était pour moi sans précédents.

– Seigneur maître, me dit Cecilio, si les renseignements que j’ai pris sur la route ne sont pas trompeurs, nous entrons ici dans le domaine de la fièvre jaune ; je crains fort, je l’avoue, pour une