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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/189

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douzaine, je gagnai le premier albur. Cecilio ne sourcilla pas ; quant à moi, j’espérai un instant que le hasard allait se tromper une fois dans ma vie en ma faveur, mais je perdis le second coup. Restait le troisième albur, la partie décisive.

Absorbés comme nous l’étions, nous n’avions pas fait attention à deux cavaliers qui s’avançaient de notre côté. Je ne les aperçus, pour ma part, qu’au moment où ils étaient presque sur nous. Alors le bruit de leurs voix me fit lever la tête, et un coup d’œil suffit pour me montrer dans l’un des survenants le type parfait du Jarocho[1]. Il portait dans toute sa pureté le costume particulier à cette classe d’hommes : un chapeau de paille aux bords larges et retroussés par derrière, un mouchoir à carreaux rouges et jaunes qui sortait du chapeau comme une résille et, de ses plis flottants, protégeait le cou et les épaules contre les ardeurs du soleil ; une chemise de toile fine, à jabot de batiste, sans veste par-dessus ; un caleçon de velours de coton bleu, ouvert sur le genou et pendant en pointe jusqu’à mi-jambe. Sous une ceinture de crêpe de Chine écarlate, qui lui serrait les hanches, était suspendu un sabre droit à poignée de corne, sans

  1. On appelle Jarochos les paysans du littoral et de la campagne de Vera-Cruz.