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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/192

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mier suivant le chemin direct, et le cavalier à la veste d’indienne prenant un sentier sur la gauche.

– Que diable le vent du nord peut-il avoir à faire avec le fandango d’un petit village ? demandai-je machinalement à Cecilio.

– Le cavalier à la jaquette d’indienne craint peut-être de s’enrhumer, reprit Cecilio d’un air de fatuité satisfaite.

Après cette ingénieuse explication, nous reprîmes notre partie, un instant interrompue. Je retournai de nouveau deux cartes. L’une d’elles était le valet de trèfle : ce fut celle que choisit Cecilio. Cette fois, d’une main tremblante, je fis successivement glisser les cartes l’une sur l’autre ; mon cœur battait, peut-être allais-je perdre un compagnon de cinq ans ! Cecilio essuyait la sueur qui inondait son front. Tout à coup il poussa une exclamation qui retentit jusqu’au fond de mon âme : je venais de découvrir le valet de cœur.

— Vous avez perdu, monsieur, s’écria-t-il.

À ces mots, prononcés en bon français, je regardai Cecilio avec une muette surprise. Quant à lui, s’approchant fièrement de Storm, il se disposa à l’enfourcher.

– Halte-là drôle, je n’ai pas joué la selle, m’écriai-je en l’arrêtant, et je lui ordonnai d’ôter la selle de Storm pour la mettre sur le dos du cheval orange.