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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/194

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pensée, je retrouvai au fond du cœur une étincelle de l’affection que je lui avais vouée.

— Cecilio, mon ami, lui dis-je, ce cheval que tu m’as gagné, je te l’aurais sans doute donné dans quelques jours, est ce de m’en dépouiller qui cause ton affliction ?

Cecilio poussa un soupir.

— En effet, dit-il, je regrette de voir votre belle selle sur un si vilain cheval, et j’ai honte de ne pouvoir harnacher convenablement celui que je vous ai gagné. À ce propos, puisque votre seigneurie est en veine, lui agréerait-il de jouer aussi la selle ?

C’en était trop. Outré de cette dernière ingratitude :

— Prends garde, lui dis-je, en faisant mine d’armer mon pistolet, que je ne reprenne de force un cheval qu’un drôle comme toi n’est pas digne de monter.

Cecilio ne répondit à cette menace qu’en piquant des deux et en sifflant pour appeler la chienne épagneule, qui jusque-là avait regardé avec un air d’inquiétude cette brusque séparation du maître et du cheval. Je sifflai de mon côté. Ainsi mise en demeure d’établir pour la première fois une ligne de démarcation entre deux affections dominantes de sa vie, la pauvre bête hésita. Elle rejoignit Storm d’une course rapide et revint bientôt vers moi les yeux