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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/207

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sous le ciel. Calros ne paraissait pas cependant un de ces hommes accoutumés à voir dédaigner leurs hommages. Un air de distinction marquée faisait valoir la mâle beauté de sa physionomie. Le Jarocho attendit patiemment que la danse fût finie, et, fendant les groupes formés devant nous, il s’avança vers la jeune fille sans plus s’occuper de moi que si je n’avais eu, en fait d’hospitalité, que l’embarras du choix. Arrivé prés d’elle, il mit pied à terre. J’étais trop éloigné pour saisir ses paroles ; néanmoins, grâce aux clartés qui, s’échappant d’une cabane voisine, tombaient à flots sur lui et sur Sacramanta, je pus observer une pantomime suffisamment significative. Je ne doutai pas que Calros ne s’excusât au sujet du ruban rouge qu’il n’avait pu se procurer mais il était clair pour moi qu’il plaidait sa cause avec un succès des plus médiocres. Un sourire moqueur se dessinait sur les lèvres de la jeune fille ; ses grands yeux noirs semblaient exprimer une ironie si impitoyable, que le pauvre Jarocho parut complétement découragé. Il l’écouta en caressant la poignée de corne de son poignard, tandis qu’un nuage plus sombre encore couvrait de nouveau son visage ; puis, rappelant sans doute son orgueil, un instant dompté, il fit deux pas en arrière et mit le pied à l’étrier pour s’éloigner. Cependant, avant de se remettre en selle, il jeta