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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/208

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sur la jeune fille un dernier regard, mais un regard irrité. Sacramenta y répondit en secouant la tête par un mouvement tout empreint d’une grâce provocante ; une des fleurs de suchil qui ornaient sa chevelure se détacha et vint rouler sur l’herbe près d’elle. Le Jarocho regarda avec indécision cette petite fleur qui s’était flétrie sur le front de celle qu’il aimait. La jeune fille parut d’abord ne pas prendre garde à l’hésitation de Calros ; puis, tandis que ses deux mains assujettissaient de nouveau sa coiffure odorante, par un geste de coquetterie qu’eût enviée une femme de nos salons, elle montra du bout de son petit pied chaussée de satin bleu la fleur qui gisait sur l’herbe. Une joie ineffable vint rayonner sur la figure du Jarocho, qui se baissa vivement, ramassa avec bonheur ce frêle gage d’espérance, et, s’élançant sur sa selle, se perdit bientôt dans l’ombre.

Il était évident que, dans l’excès de sa félicité, Calros ne pensait plus à moi. C’était naturel mais il était naturel aussi que je ne voulusse point passer la nuit à la belle étoile. Je me mis donc à la poursuite de l’hôte qui m’échappait.

— Hé seigneur don Calros, lui criai-je de loin, vous oubliez, ce me semble, l’hospitalité que vous m’aviez si gracieusement offerte.

— Pardon, seigneur cavalier, me dit-il en s’arrê-