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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/21

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reste, ne portait aucune trace extérieure de blessure. Ôtant son large chapeau gris, Perico se pencha à l’oreille du moine, et je m’écartai d’un pas pour ne pas interrompre le lépero qui commença ainsi :

— Je m’accuse d’abord, mon père, d’avoir répondu par la plus noire ingratitude aux prévenances du cavalier que voici, en le mettant à contribution aussi souvent que j’ai pu le faire, et… cependant moins que je ne l’aurais désiré, ce dont je le prie de ne pas me conserver rancune, car dans le fond… je lui étais tendrement attaché.

Je m’inclinai en signe d’assentiment.

– Je m’accuse aussi, mon père, d’avoir dérobé la montre en or du juge criminel Sayosa la dernière fois que je comparus devant lui.

— Comment cela, mon fils ?

— Le seigneur Sayosa eut l’imprudence de vouloir regarder l’heure devant moi et de faire un geste de surprise en se plaignant d’avoir oublié chez lui sa montre en or et sa chaîne. Je me dis dès lors que, si je n’étais pas pendu, il y avait un bon coup à faire. Ignorant le sort qui m’était réservé, je donnai le mot d’ordre à un mien ami qu’on élargissait à l’instant même. Il faut vous dire que le seigneur juge avait un faible bien connu pour le dindon…

– Je ne te comprends pas, mon fils.