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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/20

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— Je crois, dis-je au moine, que vous pouvez à tout hasard lui donner l’absolution.

Asbolvo te, dit fray Serapio en poussant rudement du pied le lépero, qui parut enfin sensible à cette marque d’intérêt, et qui murmura en ouvrant à demi les yeux :

– Je crois en Dieu le père, le fils et le saint… Ah ! les coquins m’ont enlevé mes foulards… Señor padre ! Je suis un homme mort.

— Pas encore, mon fils, lui répondit le moine ; mais peut-être ne te reste-t-il que peu de temps pour confesser tes péchés, et tu ne feras pas mal d’en profiter pour que je puisse t’ouvrir à deux battants les portes du ciel. Je te préviens que je suis pressé.

— La course n’est donc pas finie ? dit naïvement le pauvre Perico. Mais je crois qu’à tout prendre, continua-t-il en se tâtant, je suis peut-être moins mal que vous ne le pensez.

Puis, m’apercevant, Perico ferma les yeux, comme s’il se fût senti de nouveau défaillir, et reprit d’une voix éteinte :

— Au fait, je me sens mal… très-mal, et, s’il vous plaît d’écouter ma confession, j’aurai bientôt fini.

— Commence donc, mon fils.

Le moine s’accroupit près du malade, qui, du