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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/221

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mise élégante et presque recherchée qui avait remplacé son costume de voyageur me rappela que le jour qui se levait était un jour de fête pour Manantial. Une torsade de perles de Venise, rehaussée de distance en distance de petits miroirs, entourait ! a forme de son chapeau ; sa chemise de fine batiste était ornée de riches broderies ; les boutons de sa calzonera de velours se composaient, à la ceinture, de piastres fortes, et, le long des jambes, de réaux et demi-réaux ; ses pieds étaient chaussés de cordouan, dont les tiges s’arrondissaient au-dessus de la cheville en éventails brodés. Enfin, son sabre, fourbi avec plus de soin encore, étincelait suspendu à sa ceinture de soie écarlate, et des houppes de soie de la même couleur en ornaient la poignée de corne. Dans cet équipage, aussi galant que fièrement porté, Calros avait un air de raffiné dont j’augurai très-bien pour ses affaires de cœur.

Cependant, malgré le contentement intérieur qui rayonnait sur son visage, Calros relevait parfois d’un air soucieux les crocs de sa moustache. Une arrière pensée pénible semblait mêler quelque amertume à sa joie. Je lui demandai la cause de sa préoccupation.

Ah ! si vous vouliez, me répondit-il en soupirant, prendre sur vous la vengeance dont je suis chargé, je serais délivré d’un souci qui va m’obsé-